Le cycle post obduction
Le cycle post obduction, Miocène à actuel, est marqué par le transfert de la zone de convergence vers l'Est au niveau du Vanuatu, la ride de Norfolk étant désormais en domaine suturé intra-plaque. La ride volcanique des Loyautés qui a fonctionné au moins jusqu’au Miocène s'ennoie et est progressivement recouvert par des formations récifales qui évoluent en atoll.
Sur la Grande-Terre, la période post-obduction est caractérisée par une extension généralisée (Lagabrielle et al., 2005; Chardon et al., 2008) qui conduit à l'effondrement des marges de la ride alors que son axe subit des mouvements d'ampleur inégale accommodés par des discontinuités. Les formations post-obduction étagées, au nombre de huit au moins (Chevillotte et al., 2006), sont représentées par des altérites continentales et des sédiments.
Le phénomène d'altération est particulièrement important sur les péridotites et a lieu dans des bassins endoréiques dont certains sont encore fonctionnels comme dans l'extrémité sud du massif du Sud. Les mouvements positifs épirogéniques exondent ces unités qui par inversion de relief forment de nombreuses surfaces d'aplanissement perchées couvertes par des profils latéritiques cuirassés à leur sommet. A leur base se concentrent des minéralisations économiques en nickel et cobalt supergènes. La distribution des latérites et des concentrations de nickel associées sont contrôlés à long terme par l'évolution eustatique et climatique, à grande échelle par la structuration cassante des péridotites et les mouvements tardifs épirogéniques (Chevillotte et al., 2006) et enfin à plus petite échelle par les phénomènes karstiques qui accompagnent l'altération (Genna et al., 2005).
Les sédiments sont représentés par plusieurs systèmes d'aggradation fluviatiles (Chardon & Chevillotte, 2006) : 1) la formation du Goa N'Doro sur la côte est (Orloff & Gonord, 1968) de l'Oligocène supérieur ; 2) la formation de Népoui sur la côte ouest, séquence deltaïque à péri-récifale (Coudray, 1976) datée du Miocène inférieur à moyen ; 3) la formation fluvio-lacustre dans le massif du Sud dont l'âge n'est pas encore établi. Ces formations remanient largement les produits d'altération continentaux des péridotites : cuirasse, garniérite, silice, latérite. Sur la marge NE de la Grande-Terre le prisme détritique miocène est découpé par la tectonique extensive (Chardon et al., 2007).
L'axe de la Grande-Terre et le chapelet des îles Loyauté émergent en formant une voussure, leurs extrémités NW et SE s'ennoyant progressivement dans la mer. Cette morphologie générale résultent du bombement lithosphérique de la plaque australienne sous le poids de la plaque pacifique chevauchante à l'avant de la zone de convergence du Vanuatu (Dubois et al., 1974). Des mouvements de réajustement plus localisés parfois difficiles à distinguer des variations du niveau marin eustatiques sont enregistrés par les récifs frangeant ou barrière qui ceinturent l'archipel. Les récifs anciens exondés (Loyauté, île des Pins, Yaté) présentent un large spectre d'âges qui s'étale depuis le Miocène moyen jusqu'au quaternaire (Cabioch et al., 1999). Les premiers systèmes carbonatés pourraient s'être installés sur la marge de la Grande-Terre dès 1,4 Ma (Cabioch et al., 2008), mais le récif barrière actuel et le lagon ne se sont établis durablement qu'à partir de 400 000 ans (Frank et al., 2006).
L'éloignement centrifuge du récif barrière par rapport au littoral et le développement du lagon sont proportionnels à la subsidence des marges de la Grande-Terre à l'instar des atolls développés autour des îles volcaniques subsidentes. Pendant les périodes glaciaires du Quaternaire, le lagon a pu être asséché par l'abaissement du niveau global marin, les rivières entaillant le récif exondé.
Ces mêmes rivières, dont le cours a pu changer, sont aujourd'hui ennoyées sous le lagon, les passes à travers la barrière représentant leurs anciens exutoires dans l'Océan Pacifique (Chevillote et al., 2005).