La transition énergétique pour tous
Depuis août, les factures d’électricité des locataires de la résidence FSH Calédonia Est, à la Vallée-des-Colons, ont baissé en moyenne de 61 %. Grâce à une installation photovoltaïque placée sur le toit de leur immeuble – la première sur un bâtiment de logements collectifs – ils sont devenus consommateurs de leur propre production d’énergie. Les acteurs de ce projet ont présenté à la presse un premier bilan de cette action.
Adopté par les élus du Congrès en juin 2016, le Schéma pour la transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie (STENC) vise notamment le développement des énergies renouvelables. Dans ce cadre, le gouvernement a pris de nombreuses mesures pour encourager le recours à l’énergie solaire. Ainsi, un arrêté pris en mars 2018 a étendu le dispositif d’autoconsommation photovoltaïque pour les logements individuels, aux logements collectifs. En clair : autoriser l’installation de mini fermes solaires sur les toits des bâtiments d’habitation collective afin d’alimenter leurs résidents en électricité, le surplus non-consommé étant réinjecté sur le réseau et racheté par EEC au tarif fixe de 21 francs le kilowattheure.
Des efforts récompensés
Opérationnelle depuis mi-août, la première expérimentation de ce type a été menée par le Fonds social de l’habitat (FSH) et EEC Engie, à la résidence Calédonia Est. 75 panneaux photovoltaïques ont été placés sur le toit de l’immeuble et les locataires ont été incités à adapter leurs habitudes aux heures d’ensoleillement, en utilisant par exemple les appareils électroménagers la journée (afin de favoriser l’autoconsommation d’énergie). Résultat : une baisse moyenne de 61 % des factures de courant des locataires. Certains ont même reçu un chèque de la part d’EEC, leur part d’énergie autoproduite – et rachetée par EEC – ayant dépassée le volume de leur consommation !
Meilleur pour la planète et pour le porte-monnaie
« Cet exemple montre que la transition énergétique peut profiter à tout le monde, a souligné le membre du gouvernement en charge de l’énergie, Nicolas Metzdorf. Les énergies renouvelables sont meilleures pour l’environnement, elles favorisent la souveraineté économique en réduisant la dépendance aux énergies fossiles et elles rendent même service aux habitants qui les consomment. »
À l’instar de Babette, résidente de Calédonia Est : « Ma facture mensuelle s’élevait à 12 000 ou 13 000 francs contre 2 300 à 2 500 francs aujourd’hui. C’est une sacrée amélioration pour le budget familial ! ».
Alléger les factures des plus modestes
« Ce projet 100 % calédonien vise particulièrement les résidents des logements sociaux dont les revenus sont modestes, » a précisé le directeur général délégué d’EEC Engie, Philippe Mehrenberger. Une cible de taille pour EEC Engie, qui l’évalue à environ 10 000 clients, rien que sur Nouméa.
« Nous sommes très fiers de cette réalisation, a ajouté le directeur général du FSH, Jean-Loup Leclercq. C’est le début d’une longue stratégie. » En effet, dès 2019, les mêmes partenaires comptent équiper les cinq bâtiments de Calédonia Est de ce dispositif et mener un projet de mix énergétique à Rivière-Salée, où un immeuble de 16 logements sera doté de panneaux, mais aussi de chauffe-eau solaires.
En chiffres
Ce projet représente un investissement de 5,5 millions de francs pour les 16 logements, soit 340 000 francs par appartement : une somme inférieure de 20 % à la mise en place de 16 installations individuelles.
Ces 5,5 millions de francs ont été financés à 75 % par le FSH et à 25 % par EEC Engie.
« Pour le FSH, cette somme s’inscrit dans le cadre du programme de renouvellement des équipements de nos résidences. Les crédits dédiés au remplacement des cumulus des appartements de Calédonia Est ont été affectés à ce projet », explique Hugues Bernard, responsable de la cellule patrimoine du bailleur social. Très gourmands en électricité, ces cumulus ont été équipés de programmateurs ne leur permettant de fonctionner qu’en journée, quand de l’énergie est produite par l’installation photovoltaïque.
Ce financement est également complété par une participation des locataires qui ont vu leurs charges mensuelles augmenter d’environ 1 500 francs.
La technique
L’énergie produite par l’ensemble des panneaux solaires est injectée en pied d’immeuble sur le réseau.
Les compteurs individuels existants ont été équipés d’un système de télé-relève. En parallèle, un compteur de production a été installé et équipé du même système de télé-relève. Celui-ci permet de calculer à chaque instant la part d’autoconsommation et de revente au réseau de chacun des clients de l’immeuble.
Le solaire a la côte
Depuis 2015, le nombre cumulé d’autorisations délivrées pour l’installation de centrales photovoltaïques sur les toitures s’est envolé : 67 en 2015, 354 en 2017, 407 au 31 octobre 2018.
De plus en plus présents sur les toits, les panneaux photovoltaïques ont aussi fait leur apparition en nombre dans les champs, en Brousse. Pour répondre à ce déploiement soutenu, une révision de la programmation pluriannuelle des investissements (PPI : document qui décrit les objectifs de puissance à atteindre par filière et par tranche de cinq ans) est prévue. « 33 MWh supplémentaires devraient être autorisés d’ici à la fin de l’année, ce qui permettra d’atteindre les objectifs du STENC fixés pour 2020 », annonce la direction de l’Industrie, des mines et de l’énergie (DIMENC).