Les objectifs de la transition énergétique
L’aspiration légitime à un développement durable impose de modifier profondément le système d’approvisionnement et de consommation de l’énergie afin de le rendre moins dépendant de l’extérieur, moins gaspilleur des ressources et plus respectueux de l’environnement.
La consommation mondiale d’énergie primaire est dominée par les combustibles fossiles (85,2 % en 2017 avec, au premier rang le pétrole), suivis par les énergies renouvelables (10,3 %). Près de 40 % de cette consommation est consacrée à la production d’électricité. La consommation d’énergie finale est dominée par les produits pétroliers 41 %. Le charbon reste de loin la principale source d’électricité dans le monde : ce combustible a compté pour 38 % de la production mondiale électrique.
La seconde caractéristique de la consommation d’énergie est l’écart considérable entre des volumes consommés par habitant entre les différents pays et régions du monde : 8 tonnes équivalent pétrole (tep) par an pour les États-Unis contre 0,5 tep pour l’Inde.
La poursuite des modes de consommation et des politiques énergétiques actuels conduirait à l’horizon de deux à trois décennies à un doublement de la consommation mondiale. Une telle évolution se heurte à des contraintes majeures : ressources énergétiques, accroissement des prix, risques de conflits, atteintes à l’environnement, risque climatique. Il n’y a pas de développement durable possible avec le système énergétique actuel basé sur un modèle de développement "énergivore" et la hausse "à tout prix" de la production d'énergie.
Le nouveau paradigme énergétique consiste à concevoir le "système énergétique" comme englobant non seulement la fourniture d'énergie, mais également les conditions et les techniques de sa consommation afin d’obtenir un "service énergétique" dans des conditions optimales en termes de ressources, de coûts économiques et sociaux et de protection de l’environnement local et global. La maîtrise des consommations d'énergie arrive au premier rang des politiques qu’il faut rapidement mettre en œuvre parce que c’est celle qui possède le plus grand potentiel, qu’elle est applicable dans tous les secteurs et dans tous les pays, qu’elle représente le meilleur instrument de la lutte contre le changement climatique, enfin parce qu’elle permet de ralentir l'épuisement des ressources fossiles, tandis qu’une part croissante de la consommation d’énergie peut être assurée par les énergies renouvelables. Elle constitue en outre un facteur de développement économique par la diminution des dépenses énergétiques, ainsi que par la création de nouvelles activités et d’emplois. C'est un impératif de premier ordre des politiques énergétiques et économiques, notamment dans le secteur des transports, presque exclusivement dépendant du pétrole. Cela s’impose aussi en matière de consommation d'électricité, dont la production est chère et particulièrement vorace en énergie primaire.
Source : Bernard Laponche -Ingénieur de l'École Polytechnique, docteur ès sciences et docteur en économie de l'énergie, expert en politiques de l'énergie et de maîtrise de l'énergie.
Aujourd’hui, la Nouvelle-Calédonie est dépendante à plus de 97 % au niveau énergétique. C’est-à-dire que les besoins de l’île sont couverts à 97 % par des importations de charbon et de produits pétroliers : essence, gazole, gaz (GPL), kérosène et fioul lourd.
La dépendance et la taille de son marché comparées à de plus grands pays de la zone Asie-Pacifique rend la Nouvelle-Calédonie très vulnérable au plan de l’approvisionnement énergétique.
De plus, cette vulnérabilité se double d’un réel manque à gagner du fait de la faiblesse de l’exploitation et de la valorisation des ressources renouvelables locales.
La transition énergétique répond donc à des enjeux stratégiques :
-
réduire la dépendance énergétique,
-
garantir la sécurité d'approvisionnement,
-
garantir un prix compétitif de l'énergie,
-
limiter les impacts sur l'environnement.
Le schéma pour la transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie dresse les objectifs de réduction de nos consommations d'énergie et de nos émissions de gaz à effet de serre, ainsi que de développement des énergies renouvelables.
Pour atteindre les objectifs fixés, un programme d’actions est détaillé dans les domaines du transport et de la mobilité, du résidentiel et tertiaire, de l’industrie, de l’agriculture et des énergies renouvelables et de la sensibilisation du public.
Les moyens déployés sont des mécanismes financiers incitateurs, les réglementations et la participation des acteurs à des actions volontaires.
Le plan d’actions du schéma s’inscrit dans la démarche Négawatt qui a pour buts de réduire le gaspillage de l’énergie et d’optimiser son utilisation. Cette démarche se décline en trois temps :
- la sobriété énergétique, qui consiste à supprimer les gaspillages et les besoins superflus ;
- l’efficacité énergétique, qui fait appel à la performance des systèmes et permet de réduire les consommations d’énergie pour un besoin donné ;
- les énergies renouvelables, qui répondent à nos besoins énergétiques avec un faible impact sur notre environnement.
La transition énergétique est le passage d’un modèle économique fortement consommateur d’énergies à un modèle plus durable et plus économique face aux enjeux d’évolution des prix, d’approvisionnement en énergie, d’épuisement des ressources naturelles et de respect de l’environnement