L'évolution tectonique et la géodynamique de la Nouvelle-Calédonie et du continent Zealandia
Le continent Zealandia, récemment découvert, est l’un des fragments continentaux immergé les plus grands du monde. La Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Zélande en sont les deux principales terres émergées. Ce continent très vaste, de la taille de l’Inde, est très peu connu et étudié.
De nombreuses questions à résoudre, mais un terrain de jeu propice
Zealandia a été façonné par plusieurs processus géologiques de premier ordre qui demeurent aujourd’hui mal compris. Ceci inclut par exemple les processus :
- d’éclatement des continents ; quels sont les moteurs de la dislocation des continents et quelles sont les modalités de ces dislocations ?
- de dynamique des zones de subduction ; comment naît, meurt et évolue une subduction ?
- ou encore d’obduction ; par quels mécanismes des roches ultra-denses du manteau peuvent-elles former des montagnes ?
Du fait de son caractère immergé à plus de 98 %, Zealandia renferme des enregistrements géologiques marins uniques qui sont des opportunités rares pour comprendre ces processus géologiques fondamentaux.
Pour répondre à ces questions des levés à terre et des campagnes océanographiques en mer sont réalisés pour décrypter l’évolution géodynamique de la région.
Un événement tectonique appelé TECTA a affecté la partie Nord du continent Zealandia à l’Eocène. Cet événement est à l’origine de la formation de la Nouvelle-Calédonie et témoigne de l’évolution d’une zone de subduction. Il est également observable en mer à plus grande échelle sur toute la partie Nord de Zealandia. Les campagnes à la mer TECTA, VESPA, TAN1409, TAN1312 et IODP 371 se sont attachées à caractériser cet événement à partir d’imagerie sismique du sous-sol, de prélèvements par dragages et de forages.
Elles ont donné lieu à de nombreux rapport de missions et publications.
Les campagnes ECOSAT (Eastern Coral Sea Tectonics) visent à échantillonner par dragages les roches profondes du continent Zealandia et les volcans de type « point chaud » tels que ceux formant le soubassement des îles Chesterfield. Dirigées par les équipes australiennes de l’Université de Sydney, en collaboration avec GNS, l’Université de Tasmanie et le service de la géologie, ces campagnes et leurs prélèvements de roche permettent, par l’intermédiaire de datations et descriptions pétrographiques, d’améliorer les connaissances sur la genèse et l’évolution des grandes structures géologiques façonnant Zealandia. Parallèlement aux dragages, elles acquièrent des données bathymétriques, gravimétriques et magnétiques.
En partenariat avec l’Université de Tasmanie, l’Ifremer et le programme ZoNéco, le service de la géologie a conduit deux projets de recherche sur la zone de Matthew et Hunter à partir de données bathymétriques et de prélèvements de roches existants. Il est ainsi montré que :
- la dorsale du bassin Sud Fidjien déchire l’arc volcanique actif,
- la zone de subduction de Matthew et Hunter est la plus jeune du monde.
Ces résultats font de cette zone un laboratoire naturel unique pour comprendre la genèse des zones de subduction.
La période post-obduction de l’Oligocène à l’Actuel est charnière car elle voit la Grande Terre prendre sa forme sub-actuelle et comprend la genèse des premières formations d’altération. C’est aussi durant cette phase que les marges très abruptes se forment et que les systèmes carbonatés récifaux se développent abondamment. Les moteurs de la tectonique extensive associée à cette période demeurent énigmatiques. L’analyse des sédiments de cette période et des granitoïdes de St Louis et Koum sont les témoins de cette évolution.
En 2012 la campagne IPOD sur le N/O L’Alis a pu imager et prélever les sédiments marins de la côte Ouest de la Grande Terre (Collot et al., 2013).
Les thèses universitaires et postdoctorats du service de la géologie relatifs à la l’évolution tectonique et géodynamique de la Nouvelle-Calédonie et du continent Zealandia :
- BORDENAVE, A., (2019), Évolution tectono-sédimentaire d'une marge obductée : l'exemple de la Nouvelle-Calédonie et de son domaine offshore (Sud-Ouest Pacifique), thèse SGNC - ADECAL TECHNOPOLE - ENSEGID - Université de Bordeaux.
- PATTIER, F., (2018-2019), Évolution tectono-stratigraphique cénozoïque du continent Zealandia entre la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Zélande (mouvements verticaux, déformation, érosion / déposition), Post-Doc SGNC - IFREMER.
- COLLOT, J., (2009), Évolution géodynamique du domaine ouest-offshore de la Nouvelle-Calédonie et de ses extensions vers la Nouvelle-Zélande, thèse SGNC - Ifremer - UBO.