Les ressources minérales

Le nickel est une des plus importantes richesses de la Nouvelle-Calédonie, dont l’économie reste largement tributaire. Grâce à une subduction suivie d’une obduction, la Nouvelle-Calédonie a la particularité de présenter à l’affleurement sur une grande surface, des roches du manteau : les péridotites. L’altération supergène de ces roches a favorisé la concentration du nickel dans les horizons de saprolites grossières (hôte des minerais silicatés) et de saprolites fines (hôte des minerais oxydés). Les réserves des minerais de nickel de Nouvelle-Calédonie sont actuellement estimées à 25-30 % des ressources mondiales.

Le chrome est présent dans les péridotites sous la forme d’un oxyde, la chromite. Quasi inaltérable, ce minéral peut présenter plusieurs formes de dépôt :

• les dépôts primaires, ou endogènes, sont de type podiformes, inclus dans les péridotites ;
• dans le profil d’altération, la chromite, inaltérable, va se reconcentrer grâce au lessivage des autres phases minérales. Il s’agit d’un dépôt secondaire, dit éluvial ;
• l’érosion des formations d’altération va amener des sables de chromite à transiter par les rivières pour se concentrer naturellement vers les estuaires. Il s’agit de dépôts secondaires dits alluviaux.

La chromite a été exploitée en Nouvelle-Calédonie de 1880 jusqu’à 1990 qui a même été le 3^e producteur mondial de chrome au début du 20^e siècle. Même si de nombreux indices ou gisements ont été recensés à travers la Grande Terre (près de 300), seuls quelques uns furent exploités dans le Sud et surtout sur le massif de Tiébaghi à Koumac, dont l’exploitation a fourni plus de 3 millions de tonnes de chromite de 1902 à 1990. Il n’y a plus à l’heure actuelle d’exploitation de chrome en Nouvelle-Calédonie, même si les concentrations alluviales de certains deltas ont pu faire l’objet dans les années 2010 d’un léger regain d’intérêt.

Le cobalt est naturellement présent en faible teneur dans les péridotites. Comme pour le nickel, c’est l’altération supergène qui va permettre de concentrer ce métal dans une partie du profil d’altération, à savoir les latérites de transition. Un horizon, particulièrement riche en oxydes de manganèse et cobalt, peut se développer. Cet horizon est parfois le siège d’anciens vestiges d’exploitation artisanale sous forme de petites galeries, les « trous de cobaleurs », qui suivaient ces niveaux riches en cobalt. Les concentrations en cobalt dans les latérites de Nouvelle-Calédonie n’en font pas des gisements primaires, mais sa proximité avec des enrichissements en nickel en permettent la co-valorisation dans le cadre d’exploitation de gisement pour nickel et cobalt, comme c’est le cas du gisement de Goro actuellement.

Ce métal souvent associés aux Terres Rares, peut présenter dans les profils latéritiques développés sur péridotite des concentrations anormales. Pour autant, ces concentrations (de l’ordre de 50 à 200 ppm) ne permettent pas d’envisager le développement d’exploitation pour scandium. Mais la surimposition des enrichissements en scandium avec les minéralisations en nickel de type minerai oxydé pourraient permettre de co-valoriser le scandium, au même titre que le cobalt, grâce à des procédés hydrométallurgiques.

Quelques indices aurifères ont été recensés en Nouvelle-Calédonie, liés à des contextes géologiques différents :

• associés aux roches basaltiques de l’unité de Koh et de Poya, de nombreux  indices sulfurés à cuivre et or sont référencés. De type VMS (volcanogenic massive sulphide), ces amas sont de taille relativement faible. Seul l’indice de Queyras, à La Foa, semble avoir donné lieu à des travaux assez sérieux pour que quelques tonnes de minerai soient exportées ;
• associé au volcanisme crétacé présent dans les métasédiments de l’unité du Diahot-Panié, un gisement est à signaler en particulier. Il s’agit de Fern Hill, le premier gisement découvert et exploité en Nouvelle-Calédonie, dès 1870. Il s’agit également de la seule véritable exploitation aurifère de Nouvelle-Calédonie, avec quelques 213 kilos d’or produits entre 1870 et 1890 ;
• associées au magmatisme post-obduction, deux zones ont été activement prospectées jusque dans les années 80. Il s’agit des granodiorites de Koum (Thio) et Saint-Louis (Mont-Dore). Quelques indices d’or, comme Comète et Grosse Goutes à Saint-Louis, sont connues et liées à une phase d’hydrothermalisme au sein des granodiorites, formant des zones silicifiées à sulfures (veines de quartz et/ou listvénites). Les enrichissements en surface n’ont pas montré d’enracinement intéressant pouvant donner lieu à une quelconque exploitation.

Ces métaux (plomb, cuivre, zinc) font partie des premières ressources métalliques exploitées en Nouvelle-Calédonie. Localisées dans le même contexte géologique (métasédiments) et géographique (bassin du Diahot, Ouégoa) que le gisement d’or de Fern Hill, ces métaux sont liés à des amas sulfurés de type SEDEX (dépôt sédimentaire exhalatif). Parmi les presque 60 gîtes et indices découverts et prospectés dans le bassin du Diahot, quatre seulement ont donné lieu à des exploitations, entre 1872 et 1930. Il s’agit des mines Pilou et Ao pour Cuivre, la mine Ballade pour cuivre également, et de la mine Mérétrice pour plomb et zinc. Bien qu’exploitables dans le contexte de l’époque, ces gisements n’ont ni les teneurs ni les tonnages pour être économiquement viables aujourd’hui.