Les versants instables et mouvements de terrain
Le relief de la Nouvelle-Calédonie est vigoureux, plus particulièrement celui de la Grande Terre. En outre, le climat tropical est à l’origine de processus d’altération intenses. Ces traits caractéristiques constituent des facteurs de prédisposition aux instabilités de versants.
Les mouvements de terrain correspondent à des déplacements en masse du sous-sol, meuble ou rocheux. Ils se propagent entre une zone de départ et une zone de dépôt. Leur vitesse peut-être très lente à très rapide.
Dans le contexte calédonien, le facteur déclencheur de l’instabilité est le plus souvent une pluie importante, par son intensité ou son cumul, pas toujours associée à un phénomène cyclonique. Les dramatiques laves torrentielles autour du massif de Bel Air à Houaïlou (novembre 2016) ou la coulée de débris du lotissement Milles et Berton au Mont-Dore (cyclone Anne, 1998) en sont des illustrations.
Objectifs
Dans le cadre de la prévention des risques, compétence dévolue à la Nouvelle-Calédonie, le service géologique de la DIMENC a pour mission d’évaluer les aléas liés aux mouvements de terrain :
- de manière planifiée via un programme quinquennal qui vise à évaluer cartographiquement ces aléas sur les communes les plus exposées (lire l’encadré) ;
- ponctuellement, au titre de l’appui aux politiques publiques, par des avis formulés vis-à-vis de phénomènes menaçants ou de l’intégration d’études géotechniques dans des documents d’urbanisme.
Les aléas mouvement de terrain et érosion ont été étudiés en Nouvelle-Calédonie entre 1999 et 2006 avec l'étude de 12 zones réparties en provinces Nord et Sud.
L’effort de cartographie est relancé dans le cadre d’un partenariat entre le service géologique de la DIMENC et le BRGM (2018-2023) permettant d’appliquer des méthodes homogènes d’évaluation des aléas chutes de blocs et éboulement (MEZAP) et glissements de terrain (MEZAG). Le programme concerne les 15 communes suivantes : Houaïlou, Kouaoua, Canala, Thio, Yaté, Mont-Dore, Dumbéa, Païta, Boulouparis, Poya, Pouembout, Koné, Voh, Kaala-Gomen, Koumac.
Il s’agit, pour différents types de mouvements de terrain, de préciser quels sont les facteurs concourants à leur apparition et le cas échéant leur propagation. Une étape importante de ce travail est l’inventaire des indices et phénomènes de mouvements terrain et leur description.
Plusieurs classifications plutôt universelles (voir figure), ou au contraire adaptées au contexte local, existent pour décrire les différents types de phénomènes de mouvements de terrain, notamment selon la nature des matériaux, les conditions d’apparition ou leur comportement.
Deux grandes familles se distinguent toutefois : les glissements de terrain d’une part, les chutes de blocs et éboulement en milieu rocheux d’autre part.
Dans la pratique, les mouvements de terrain sont bien souvent des phénomènes complexes qui associent plusieurs types de phénomène. Une chute de bloc ou un glissement peuvent évoluer en lave torrentielle. Par ailleurs, la distinction avec des phénomènes d’érosion rapide est parfois difficile.
La survenue d’un mouvement de terrain combine toujours des facteurs de prédisposition (pente, géologie, occupation du sol, etc.) et des facteurs de déclenchement (fortes précipitations, terrassement, séisme, etc).
C’est dans ce cadre qu’il convient de disposer de données topographiques ou géologiques aussi précises que possibles. En Nouvelle-Calédonie, un modèle numérique de terrain à un pas de 10 mètres est disponible sur l’ensemble du territoire (DTSI-DITTT). En revanche, un effort d’amélioration de la carte des formations superficielles et d’altération est requis. Il est donc mené en parallèle des travaux de cartographie de l’aléa mouvement de terrain.
L’inventaire et le recensement des indices et phénomènes est une étape indispensable pour avoir une vision globale et historique des phénomènes survenus. Il permet d’identifier les types de mouvements de terrain rencontrés, leur ampleur, leur propagation, leur densité dans l’espace et leur fréquence dans le temps. Toutes ces informations, analysées en fonction des conditions du milieu, sont nécessaires pour préciser des niveaux d’aléas.
L’inventaire est alimenté par des reconnaissances de terrain, des recherches sur photos aériennes récentes et anciennes, des enquêtes de voisinage. L’analyse des photos aériennes permet d’apprécier les dynamiques évolutives des phénomènes. Il s’agit de repérer dans le paysage les cicatrices de mouvements de terrains, parfois anciens, afin de recueillir les caractéristiques morphologiques et géométriques et finalement définir l’aléa de référence : le phénomène le plus probable et le plus dommageable susceptible de survenir.
L’aléa est un « événement menaçant » ou la « probabilité d'occurrence dans une région et au cours d'une période donnée, d'un phénomène pouvant engendrer des dommages ».
Caractériser l’aléa revient à répondre à plusieurs questions : Quel est le phénomène ? Où s’est-il produit ? Quand ? Jusqu’où s’est-il propagé ? Comment ?
Le risque dépasse l’aléa, puisqu’il intègre en plus les notions d’enjeux exposés et leur vulnérabilité.
La gestion du risque ou son atténuation (mitigation) peut comprendre des actions de prévention et de préparation.
Ce sont des mouvements de terrain particulièrement brutaux et potentiellement destructeurs. Les matériaux mobilisés se propagent de manière chenalisée dans les réseaux hydrographiques sur des distances parfois considérables, jusqu’à un replat ou un élargissement permettant l’étalement des matériaux.