Le programme pluriannuel de réhabilitation minière (PPR)

NP5
Travaux de remodelage sur l’ancien site minier Président Brisson.
 

L’élaboration d’un programme pluriannuel de réhabilitation (PPR) sur les anciens sites miniers constitue l'une des missions du Fonds Nickel.

La mise au point d’un plan d’actions pour les mines

Depuis sa création en 2009, le Fonds Nickel ne disposait d’aucun document recensant l’ensemble des sites exploités avant 1975, ni ceux sur lesquels une réouverture était envisagée par la profession. Avant toute chose, l’équipe s’est donc attelée à un inventaire complet des sites dégradés, comprenant la nature des dégradations présentes et les impacts associés. Parallèlement, des réunions bilatérales ont été organisées avec chacune des sociétés minières afin d’évaluer les opportunités de reprise d’exploitation.

Une fois cet important travail réalisé, les sites ont pu être ordonnés et priorisés en fonction des enjeux, au premier rang desquels l’impact direct sur les populations, sur les infrastructures publiques, ainsi que sur certaines zones sensibles au plan environnemental.

Après une phase de large consultation, l’ensemble des sites a été classé dans un plan pluriannuel d’intervention. Le PPR a été entériné par le conseil d’administration courant 2011.

Le classement des interventions

De façon plus précise, les sites ont été évalués selon deux axes : l’impact des dégradations minières et la pertinence de la réhabilitation.

Pour ce qui concerne les dégradations, la note finale est la résultante d’une somme de critères pondérés, tels que l’ampleur des dégradations, la dynamique des phénomènes érosifs, l’impact sur la ressource en eau, sur les cours d'eau,  le lagon, l’habitat et les populations, les infrastructures, les activités (agriculture, tourisme, etc.), la biodiversité terrestre et l’impact visuel.

La pertinence de la réhabilitation a été évaluée au regard des critères suivants : la faisabilité/coût de réhabilitation des accès, la faisabilité/coût de la gestion des eaux et des terrassements, les synergies possibles avec d’autres travaux, ainsi que, le cas échéant, les intentions des titulaires sur les titres miniers.

Ainsi, sur 530 sites dénombrés, 90 sites ont été jugés prioritaires et classés dans un premier plan d’actions quinquennal. 

À noter que :

  • ces 90 sites ont été intégrés directement dans les priorités du fait de l’existence d’un péril imminent (mouvement de terrain, inondation, etc.), ou parce qu’ils étaient situés en zone tampon terrestre, en amont des biens inscrits au Patrimoine mondial UNESCO ou encore en zones réglementées (fermées ou interdites à l’activité minière, aire protégée).
     
  • 166 sites ont été écartés du PPR dans les conditions suivantes : inéligibles à l’intervention du Fonds Nickel, comme du CRSM (comité de réhabilitation des sites miniers), car exploités après 1975, la cause des dégradations n’est pas minière (mais plutôt naturel ou anthropique), une reprise d’exploitation est sérieusement envisagée à court terme.
     
  • 169 sites ont été provisoirement mis de côté du PPR dans les conditions suivantes : titre de recherche ou prospection en cours ou prise en charge volontaire par le titulaire, intervention non pertinente ou dont la faisabilité technique est incertaine, rejet explicite des riverains.

L’adhésion des populations

Les populations directement concernées par les travaux sont toujours consultées en amont afin de partager sur leurs attentes, l’objectif des travaux, ainsi que les techniques mises en œuvre. Lorsque la situation se présente, le projet est alors ajusté au mieux des attentes et des contraintes techniques.

Que ce soit avant, pendant ou après les travaux, les habitants sont régulièrement invités à parcourir les travaux.

La participation financière des détenteurs de titres miniers

Il est important de signaler que lorsque le Fonds Nickel intervient sur des dégradations antérieures à 1975 et situées sur des concessions toujours valides, le détenteur est appelé à prendre au moins 20 % des dépenses à sa charge et à assurer le suivi et l’entretien régulier des travaux.

Les sites ainsi sélectionnés sont évalués selon deux notes :

  • l’impact des dégradations minières,
  • la pertinence de la réhabilitation.

Ces deux notes sont une somme pondérée des notes attribuées (0 à 5) aux critères suivants :

  • l’impact des dégradations minières est évalué à partir du phénomène érosif et de son impact sur les enjeux présents :
  • l'ampleur des dégradations ;
  • la dynamique des dégradations ;
  • l'impact sur la ressource en eau ;
  • l'impact sur les cours d'eau ;
  • l'impact sur le lagon ;
  • l'impact sur l’habitat et les populations ;
  • l'impact sur les infrastructures ;
  • l'impact sur les activités (agriculture, tourisme, etc.) ;
  • l'impact sur la biodiversité terrestre ;
  • l'impact visuel.

La pertinence de la réhabilitation est évaluée selon différentes caractéristiques de la réhabilitation :

  • la faisabilité ou les coûts de réhabilitation de l’accès ;
  • la faisabilité ou les coûts de réhabilitation de la mine (terrassement et gestion des eaux) ;
  • les synergies possibles ;
  • l'intention du titulaire ;
  • le traitement des causes plutôt que des conséquences (correction d’un défaut de gestion des eaux plutôt que le traitement impossible de la ravine apparue) ;
  • le type de réhabilitation (complète plutôt que stabilisation) ;
  • l'adhésion locale ; 
  • le développement local possible.

Les sites prioritaires sont ceux engendrant le plus d’impacts et pour lesquels la réhabilitation est la plus pertinente.

Les critères sont les suivants :

Classification des sites :

nb de sites par commune
Nombre de sites miniers recensés, par catégorie (état : traité, en cours, prévu, à voir, en attente, hors Fonds Nickel) et par commune.

 

530 sites 2020
Répartition des anciens sites miniers impactés, selon leur catégorie.

 

Planification quinquennale

Le programme pluriannuel de réhabilitation est approuvé depuis le 17 août 2011. Une planification quinquennale des réhabilitations est réalisée en considérant les éléments suivants :

  • la note attribuée à chacun des sites ;
  • le regroupement des sites pouvant être traités simultanément ;
  • la prise en compte des interventions des mineurs (prospection notamment) sur les sites relevant du PPR.

Le nombre de réhabilitations annuelles tient compte de l'hypothèse d’un budget de l'ordre de 500 millions de francs par an.

La programmation quinquennale a permis la visibilité sur les sites prioritaires, se sont ensuite rajoutés depuis des sites moins accessibles ou d’un degré de priorité moindre. Certains sites ont également été mis en suspens.

Quelques exemples de sites réhabilités :

Tout ouvrir / Tout fermer

Le site minier Président Brisson se situe sur le Mont-Dore même. La mine a été exploitée de 1970 à 1975, période pendant laquelle plus de 125 000 tonnes de minerais ont été extraites. Le titre minier est valide et est détenu par Biga De Rouvray.

L'analyse du site et des différents critères mis en place pour ordonner la liste de sites relevant du PPR permet d’obtenir pour ce site une note 64,4 qui le classe comme "éligible".

La mine se situe en amont des captages du Mont-Dore et de la route du sud du col de Plum. Les enjeux étaient donc de réduire de façon significative les problématiques érosives du bassin versant de Plum. La zone réhabilitée est située 120 m en aval du sommet du Mont-Dore. La piste allant sur l’ancienne mine donne également accès à l’antenne du Mont-Dore. Il faut donc qu'elle puisse rester accessible et mise hors d’eau. Ce site est également visible depuis la route de Plum, et l’intégration paysagère des carrières a donc un intérêt certain.

La mission a été réalisée entre 2016 et 2019.

Remédiation
Montant en francs
Maîtrise d'oeuvre 7 500 000
Réfection de la piste, gestion des eaux et remodelage 47 000 000
Revégétalisation : semis, plantations 38 000 000
Brisson 1
Travaux manuels pour la revégétalisation (brise vent).

 

Brisson 2
Remodelage.

 

Brisson 3
Travaux de revégétalisation, pose de géo filet et hydroseeding.

 

Brisson 4
Levée des graines, début de reprise de la végétation après hydroseeding.

 

Le site minier le Mene se situe sur la côte Est, en province Sud, dans la commune de Thio. Le titre minier est valide et détenu par la SLN, et une partie de la piste sur des titres NMC.

L'analyse des différents critères permet d’obtenir une note de 63,3. Ce site a donc été classé comme "éligible".

Des travaux de gestion des eaux ont été réalisés par le fonds communal de l’environnement orchestré par le comité de réhabilitation des sites miniers (CRSM) de Thio. La mission du Fonds Nickel pour ce projet de réhabilitation a été de diriger la reprise des travaux en effectuant la réfection des ouvrages avec un travail important de redistribution des écoulements (cassis, merlons, fossés, etc.) et le curage des embouchures de creeks.

La mission a été réalisée entre 2018 et 2019.

Surface traitée :

Remédiation
Montant en francs
Maîtrise d'oeuvre 2 500 000
Gestion des eaux 21 000 000

 

cassis 12
Cassis réalisé pour les travaux de gestion des eaux..

 

virage

 

creek
Creek engravé avant réalisation des travaux.

 

L'ancienne mine mine Paris se situe sur la côte Ouest, en province Sud, dans la commune de Dumbéa. Le site a été exploité avant les années 1954 où plus de 10 000 tonnes de minerai ont été extraites. Le titre minier est valide et est détenu par la SLN.

L'analyse des différents critères permet d’obtenir une note de 56,6 qui classe le site comme "éligible". Suite à des discussions et la présentation du projet, puis à l'accord des propriétaires et riverains voisins du site, les appels d’offres et travaux ont été déclenchés.

La réhabilitation a été dirigée par le Fonds Nickel et ces travaux viennent compléter les efforts de reboisement portés par la direction du Développement rural (DDR) qui est intervenue dans les lavakas environnants.

Les enjeux étaient de limiter les départs de fines latéritiques vers les creeks, en particulier ceux issus de phénomène d’érosion liés à l’activité humaine (carrières, pistes).

La revégétalisation programmée en 2020 permettra aussi l’expérimentation de nouveaux apports au niveau du sol pour permettre de meilleures croissances, tout en préservant la qualité de la ressource en eau.

La mission a été réalisée entre 2019 et 2020.

Surface traitée : 2,5 ha.

Remédiation
Montant en francs
Maîtrise d'oeuvre 8 000 000
Gestion des eaux 15 500 000
Revégétalisation 15 000 000
paris 1
Travaux de remodelage.

 

Paris 2

 

paris 3

 

L'opération "Couvelée (rive gauche)" regroupe trois anciens sites miniers située sur la côte Ouest, en province Sud, dans la commune de Dumbéa. Les titres miniers sont échus. Il s'agit de :

  • Chimère 2 (exploitée de 1918 à 1969 ou plus de 27 000 tonnes de minerais ont été extraites),
  • Dialogue Nord,
  • Dialogue Sud,
  • GUNDRY.

L'analyse des critères pour ces trois sites permet d'obtenir des notes allant de 55,1 à 61,9 qui les classent comme "éligibles".

Les enjeux étaient de limiter le départ de fines, le ravinement sur la piste d’accès et sur les décharges en contrebas des amas, mais aussi de limiter l’engravement de creek.

La mission a été dirigée par le Fonds Nickel entre 2019 et 2020.

Surface traitée : environ 10 ha.

Remédiation
Montant en francs
Maîtrise d'oeuvre 5 000 000
Gestion des eaux 11 000 000
Revégétalisation 13 000 000
couvelée 1

 

Couvelée 2
Ravine.
 
Couvelée 3
Réalisation de seuil en bois pour les travaux de gestion des eaux.

 

Couvelée 4

 

couvelée 5